Matthew Kian

Aussi étrange que cela puisse paraitre, la mère de Matthew faisait partie de la bourgeoisie anglaise de Liverpool. Une femme noble et riche du nom de Stevenson, qui comme vous le remarquez n’est pas du tout le nom du pirate. Evidemment, il l’a changé et a simplement modifié un peu Rian en Kian. Facile. Donc, sa mère était riche mais son père lui était inconnu, du moins pas officiellement car, pour faire bonne figure, Sir Stevenson était le père du jeune Matthew Stevenson. Le vrai père de Matt était un pirate qui avait eu une aventure avec la belle dame avant de partir vers une autre aventure justement. Il ne savait surement pas que de cette union était né un enfant.

Malheureusement pour la petite famille recomposée, Matthew ne ressemblait pas du tout à son père, on aurait deviné tout seul mais il ne ressemblait pas énormément à sa mère non plus. Certes on voyait des airs de famille mais après niveau caractère c’était un autre monde. Sir Stevenson n’aimait pas cet enfant. Il savait bien que ce n’était pas le tien alors pourquoi devrait-il aimer un bâtard ? Ca ne fit que s’empirer lorsqu’une petite sœur naquit. A ce moment là, Matt n’avait que cinq ans et, à ce moment là, sa vie devint vraiment un enfer… Sa sœur obtenait tous les regards, toutes les tendresses, enfin tout en fait. Lui passait après… Il mangeait même dans la cuisine avec les domestiques. Sa mère ne disait rien, elle n’était pas en position de dire quoique ce soit. En cachette, elle était plus tendre avec lui et lui faisait quelques cadeaux mais elle ne pouvait rien faire de plus. Elle s’en voulait de lui offrir une telle vie. Il était né par sa faute après tout.

Bien que son père adoptif ne l’aime pas, il fallait bien faire de ce jeune homme un futur gentleman. Il apprit donc les bonnes manières. Comment se tenir à table, comment parler avec politesse et respect, etc. Tant de chose qui l’ennuyait profondément et il ne se gênait pas pour le montrer. Il était intelligent et maitrisa vite ses subtilités qui font de vous un ‘vrai’ gentleman. La seule matière qui lui plaisait était l’escrime. Il se débrouillait vraiment bien. Il avait du talent, c’était évident, du coup son père réduit ses heures d’escrime. Cela n’empêchait nullement à Matthew de s’échapper de certainement leçon pour aller s’entrainer seul. Il trouvait cela encore plus amusant du fait qu’il devait faire attention à trouver un endroit où il pourrait vite se cacher et sans bruit au cas où quelqu’un viendrait le chercher. A la fin de chaque petite escapade, il se faisait durement réprimandé sous le regard hautain de sa sœur qui se faisait complimenter après ou avant sa sentence. Ce comportement l’énervait et il ne finit pas s’habituer pour ne plus que lui sourire amusé. Il lui fallut un peu de temps avant de comprendre cela. Il lui fallut même quelques dérapages.

Une fois, alors qu’il se faisait punir injustement pour un délit de sa sœur, Matthew s’énerva et osa porter la main sur sa sœur. Celle-ci ne se remit pas toute de suite de la gifle qu’elle reçut, sous le choc. Lui souriait, content d’avoir sa revanche…jusqu’à ce que le martinet ne revienne. Il devait avoir une dizaine d’année et cherchait à expliquer que ce n’était pas lui en pleure mais rien n’y fit. Sa petite sœur ne pouvait avoir déchiré les vêtements des domestiques, c’était impossible. Les domestiques d’ailleurs, étaient du coté du jeune garçon qui partageait leur repas. C’était comme sa seconde famille, plus accueillante et plus chaleureuse.

L’enfance du garçon n’a donc pas été de toute joie comme vous pouvez le voir. Heureusement pour lui, tout bascula le jour où ils déménagèrent. La nouvelle mode était de vivre par delà les océans… en Jamaïque, à Kingston. Ce fut la première fois que Matthew entra en contact avec un bateau. Sa cabine était, évidemment, la plus petite, juste de quoi y mettre un lit. S’il avait pu, Sir Stevenson l’aurait mis avec les pauvres mais ça aurait fait mauvaise figure. De toute façon, Matthew passa la plupart du trajet sur le pont à parler avec les marins. Ca le fascinait et je ne vous explique même pas la joie qu’il eut en voyant que Kingston était une ville portuaire ! Son nom l’indiquait mais bon… Il avait alors quatorze ans.

Toute la famille s’installa dans un nouveau lieu où il ne se sentait pas plus chez lui qu’à Liverpool. En fait, beaucoup moins car les domestiques n’avaient pas fait le voyage. Ils pensaient en trouver d’autres sur place. A leur arrivée, en descendant du bateau, un pirate caressa la joue de Mary, sa petite sœur, en disant un « Salut ma jolie ». Il sentait le rhum et Matt ne put s’empêcher de pouffer ce qui lui valut une gifle bien sentie. Mary détestait déjà ce lieu. Elle aurait largement préférée rester à Liverpool. Ce furent ses premières pensées. Jamais contente cette peste. Son père lui assura que tout se passerait bien.

Quelques mois plus tard, Matt qui passait le plus clair de son temps à défier les autres enfants dans la rue en combat ne ressemblait pas du tout à un bourgeois. Ils n’aimaient pas rester avec d’autres enfants de son rang. Ils étaient trop…ennuyants. Il aimait être libre et s’amuser comme il le souhaitait, sans règle dans les rues. Son père abandonna le martinet et avait désigné le jeune de « cas désespéré ».

Un jour, il avait quinze ans maintenant. Des pirates arrivèrent en ville pendant qu’ils s’amusaient avec les autres enfants. Ils passèrent au milieu de leur terrain de jeu ce qui ne plu pas du tout à Matt. Pour quoi se prenaient-ils à la fin pour passer au milieu de leur combat fictif ? Tendant son épée déformée vers l’un des pirates, il lui lançait un duel. Le pirate observa le jeune en riant un peu. Il n’était pas très grand pour son âge surtout vêtu comme il l’était et passait aisément pour deux ans de moins. Un autre homme s’approcha et mit son visage à sa hauteur :

« Comme c’est intéressant… Alors comme ça tu oses défier un pirate ? »

Il souriait et Matthew prononça un « oui » ferme ce qui créa une nouvelle vague de rire dans le groupe derrière. Le capitaine, puisque c’était lui, les fit taire d’un geste de main et se redressa.

« Très bien. Mais tu ne peux te battre avec un telle arme, utilise… celle-ci »

Il sortit l’épée du fourreau d’un de ses coéquipiers pour la tendre à Matt qui, balançant l’autre au sol, l’attrapa doucement. Il la pesa tranquillement avant de la prendre vraiment en main. Celui à qui on avait prit l’arme n’en revenait pas.

« Tu m’as l’air de t’y connaitre petit. Allons, faîtes de l’espace vous autres ! Le duel va bientôt commencé ! »

Il fit de grands mouvements avec ses bras pour imager ses paroles et un cercle se créa. Il sortit l’épée de son fourreau et se mit en position. Matt fit de même.

« Quand tu veux mon petit ~ »

Matthew partit dès qu’il lui dit qu’il pouvait. Le capitaine fut clairement surpris par sa vitesse et l’aisance avec laquelle il maniait son épée. Evidemment, il ne pouvait le battre. Pas assez de pratique mais l’autre ne le battu pas aussi facilement qu’il ne pensait le faire. Matt évitait les coups avec rapidité et de part sa petite taille avait un avantage en ce point. Au bout d’un moment, l’épée du capitaine vint couper un peu la main du garçon et le désarma. Matt fit un grimace pour avoir perdu et pour la douleur, tendit que l’autre souriait.

« Tu es doué. Tu pourrais devenir un pirate ! Si tu veux embarquer avec nous, vient ce soir à onze heures au port. »

Sur ce, il laissa le jeune Matt seul totalement en extase devant la proposition.

Celui-ci rentra chez lui et monta directement dans sa chambre. Il se fit un bandage vite fait, comme il l’avait toujours fait avec ses blessures, les domestiques lui avaient appris. Il mit ses affaires dans un sac. Il n’avait pas beaucoup d’affaires donc le sac n’était pas très grand. Il mangea beaucoup au repas du soir et prit même quelques réserves pour son voyage. Il valait mieux prévenir que guérir.

Le soir, il s’enfuit par la fenêtre en silence après avoir regardé sur l’horloge, l’heure. Il était dix heures cinquante. Il courut jusqu’au port et au moment où il arriva, l’horloge de la ville fit résonnait onze coups. Il ne voyait personne autour de lui. Il eut peur de les avoir ratés mais une main se posa sur son épaule le faisant sursauter. Il se tourna et l’inconnu le fit avancer en lui poussant le dos. Matt s’exécuta et fut amener dans un bateau. Le capitaine l’accueillit avec un grand sourire :

« Je savais que tu viendrais ! Comment t’appelles-tu alors ? »

Matthew n’hésita pas, il était tellement habitué à cette question qu’il répondit machinalement

« Matthew Stenvenson, fils de Sir Stevenson. »

C’était ce qu’on lui avait appris à dire chez lui. Ils le regardèrent tous surpris. Le capitaine murmura un « donc c’est lui… » que Matt entendit avant de parle plus fort comme s’il n’avait rien dit avant.

« Si tu veux changer de nom, c’est maintenant ou jamais. Je doute que tu veuilles garder le nom de cet homme. »

Matthew ne sut jamais comment il savait que Sir Stevenson n’était pas son père. Il réflechit vite à un autre nom et sortit maladroitement un :

« Matthew Kian »

En réalité, il voulait dire Rian mais sa langue avait fouché. Matthew Kian ne lui déplaisait pas et il garda donc ce nom.

Pendant quatre ans, il resta sur ce bateau. Son caractère se forgeait et son physique aussi. Il n’était plus le petit ado du début. Il avait bien grandit et était un adulte maintenant. Ses compétences en combat se développèrent aussi, autant à l’épée qu’en corps à corps. Il excellait plus dans le premier domaine mais il n’aurait pas toujours son épée sur lui.

Après ces quatre années, le capitaine mourut et Matthew décida de partir de son coté, comme tous autres. Il était devenu un vrai pirate mais n’avait pas perdu ses manières pour autant.Il décida d’aller faire un tour à Kingston pour voir si sa mère allait bien.

Arrivé là bas, il apprit qu’ils étaient tous en vie, sans grande surprise pourquoi seraient-ils morts ? Il vit sa mère en secret qui fut extrêmement heureuse de le voir s’excusant de ne pas avoir été à la hauteur, etc. Ils parlèrent toute une soirée et elle lui donna un médaillon. Ce médaillon avait un dessin représentant une sorte de serpent qui s’enroulait autour d’une rose et de l’autre coté, rien… Le métal était lisse. Sa mère lui dit qu’il appartenait à son père. Son vrai père et elle l’embrassa avant de partir. Matt le mit autour de son cou et se dit que peut-être un jour, il croiserait son père. Grâce au médaillon celui-ci le reconnaitrait, mais ce n’était pas son but. Beaucoup d’homme étaient mort parce qu’il cherchait un proche et il ne voulait pas finir pareil.

Deux ans s’écoulèrent. Il avait été capitaine de plusieurs navires et connaissait des personnes de confiance. Il ne partait pas toujours avec les même personnes pour donner leur chance à des jeunes qui comme lui veulent devenir des pirates

Déterminé. Matthew n’est pas du genre à s’arrêter aux premiers obstacles, bien au contraire. Plus quelque chose est dure à obtenir plus ça la rend intéressante. Il aime les défis et les accepte presque tous. Provocateur, il n’hésite pas à s’attirer des ennuis. Avoir des problèmes l’amuse en réalité. Etre recherché, et toutes choses du même genre, rendent la vie plus palpitante selon, plus dangereuse certes mais tellement plus remplie. A quoi bon vivre si c’est pour rester dans son petit chez-soi ? Il faut explorer le monde ! Matthew est un aventurier dans l’âme ou plutôt… un pirate dans l’âme. Chercher des trésors est son passe-temps favori, et assez rentable au passage. C’est aussi une fine lame qui bat ses adversaires tout en discutant et en commentant leur technique. Il aime rire et boire un, ou plus d’ailleurs, verre de rhum au bar accompagné de jolies femmes. Il est d’ailleurs assez réputé comme coup d’un soir. Enfin, revenons sur un bateau. Il a le pied marin, ce qui est mieux pour un pirate et dirige les autres d’une main ferme. Oui c’est un capitaine. Il déteste qu’on lui donne des ordres et préfère de loin attaquer les autres bateaux illégalement plutôt que de le faire légalement pour le gouverneur. Matt n’est pas stupide, loin de là et encore moins naïf. Il se peut que parfois il joue l’idiot mais au fond il ne l’est pas, c’est juste pour tester la personne en face de lui. Lorsqu’il se trouve en mauvaise posture, il n’agit pas vraiment dans le sens de la solution. Il est très ironique et fait remarquer les erreurs faites. Par exemple, s’ils ont oublié de l’attacher, il leur dira ce qui en général les énerve assez. Il se sort souvent des problèmes même des situations les plus désespérées en utilisant sa tête. Rusé et intelligent mais pas rancunier. Si quelqu’un arrive vraiment à l’attraper, il sera impressionné et le dira. Ca lui donne un coté narcissique mais il est surtout sur de lui, un peu trop surement. Enfin, vu que tout ceci l’amuse, on pourrait presque croire qu’il fait exprès de s’attirer des ennuis… Un pirate décalé. C’est tout à fait Matthew.